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Immigration : Le chemin de croix des jeunes « harragas » marocains détenus en Libye et en Algérie

13.03.2022  Immigration : Le chemin de croix des jeunes « harragas » marocains détenus en Libye et en Algérie

En choisissant le chemin le plus risqué, des centaines de migrants marocains souhaitant partir en Europe et ayant opté pour les côtes libyennes et tunisiennes, ont trouvé la mort ces derniers mois. Certains, qui ont échappé à la mort, sont tombés entre les mains des passeurs (marocains, algériens, tunisiens) en Tunisie, ou se sont retrouvés détenus dans des centres en Algérie et en Libye où ils vivent dans des conditions inhumaines, selon plusieurs d’entre eux. 

 

En septembre 2021 déjà, l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme avait tiré la sonnette d’alarme sur les conditions « inhumaines » que vivent les centaines de marocains dans les centres de détention libyens, sans nourriture, ni eau potable et encore moins des soins de santé.

 

Aujourd’hui, une trentaine de familles marocaines attendent avec impatience, mais surtout une grande inquiétude, le retour de leurs enfants disparus depuis des mois en Tunisie, en Algérie et en Libye. Alors que cette attente s’avère douloureuse, ils ont récemment entendu des nouvelles sur le décès des leurs, ne sachant quoi faire ni à qui s’adresser.

 

Malgré les risques trop élevés de rentrer en Europe clandestinement à travers les côtés libyennes ou encore tunisiennes, des centaines de jeunes marocains tentent leur chance chaque année suite au renforcement sécuritaire observé ces deux dernières années au niveau des frontières hispano-marocaines. Pourquoi ces jeunes risquent-ils donc leur vie ?

 

Sollicité à ce sujet, le président du Centre marocain des droits de l’Homme (CMDH), Abdelillah Khadri estime que les raisons derrière l’immigration de ces jeunes sont diverses.

 

« Il y a d’abord le fait qu’ils ne voient aucun horizon devant eux, puis l’impossibilité de vivre dignement au Maroc. Ces jeunes aspirent donc à vivre de la même manière que leurs amis qui ont immigré en Europe, et développent un désir effréné de chercher d’autres moyens de quitter le Maroc vers les pays européens », explique le militant.

 

Pour ce qui est du choix porté par ces jeunes sur les côtes libyennes et tunisiennes, notre interlocuteur explique le recours à cette alternative par le « renforcement des contrôles aux frontières maroco-espagnoles en plus des risques accrus de traverser les côtes sud du Maroc en direction de Las Palmas qui ont poussé les jeunes à solliciter l’aide des passeurs marocains, algériens, tunisiens et libyens, moyennant des commissions peu onéreuses au départ ».

 

Ces derniers, poursuit le président du CMDH, les font traverser à travers les frontières du Maroc et de l’Algérie vers le désert libyen. Mais les jeunes ayant réussi ce périple et atteint l’Italie sont peu nombreux, souligne notre interlocuteur.

 

La plupart sont en effet devenus les otages de milices rivales en Libye ou des autorités de Tripoli, a-t-il déploré, notant que ces jeunes marocains sont soumis à diverses formes d’abus et de violence, et parfois à la famine et à la torture. Certains d’entre eux ont récemment été libérés, d’autres attendent toujours, nous a-t-il confié.

 

Le président du CMDH a révélé qu’un certain nombre de jeunes ont traversé la frontière libyenne vers la Tunisie et y sont restés perdus, tandis que d’autres sont tombés entre les mains des réseaux de migration clandestine tunisiens et marocains à nouveau. Ces derniers prenaient de l’argent à leurs familles (par le biais de transferts d’argent) en échange de leurs renvois via des bateaux dont la plupart ont chaviré peu de temps après avoir levé les voiles.

 

Notre interlocuteur révèle également que certains jeunes marocains ont traversé le désert libyen vers le désert algérien pour rentrer au bercail. Mais ils ont malheureusement été arrêtés par la sécurité des frontières, et croupissent toujours dans les prisons algériennes en raison de la non-interaction des affaires étrangères marocaines avec les appels d’aide, selon les déclarations de certains détenus.

 

 

Source : https://fr.hespress.com/253118-immigration-le-chemin-de-croix-des-jeunes-harragas-marocains-detenus-en-libye-et-en-algerie.html

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Tags : Migrations africaines Migrations marocaines