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Migrants subsahariens au Maroc, quelles galères ? Quelles solutions ?

23.02.2022  Migrants subsahariens au Maroc, quelles galères ? Quelles solutions ?

Il y a quelques jours, La Nouvelle Tribune a reçu sur sa page Facebook un commentaire marquant d’un subsaharien désirant s’exprimer sur la situation des migrants au Maroc.

 

« Bonjour « La Nouvelle Tribune », je souhaiterais par votre canal, faire passer un message, parler, échanger. Oui parce que très souvent, en tant qu’étrangers subsahariens résidants au Maroc, nous ne sommes pas du tout écoutés, nous n’avons pas de canal de communication avec les responsables… ».

 

La Nouvelle Tribune a contacté la personne en question pour lui donner la parole.

 

La Nouvelle Tribune : Pouvez-vous nous décrire le parcours typique d’un migrant subsaharien s’installant au Maroc ?

 

Jean Nani : Quand on parle de migrant, la première idée qui nous vient en tête est la clandestinité; cependant selon les Nations Unies, ce terme désigne, je cite, « toute personne qui a résidé dans un pays étranger pendant plus d’une année, quelles que soient les causes, volontaires ou involontaires ». Bref, je pense qu’il est nécessaire d’éclaircir les termes pour être compris de tous vos lecteurs.

 

En général, la plupart des subsahariens viennent au Maroc pour différentes raisons, à savoir : études, soin et santé, commerce et bien sûr l’immigration clandestine, via le désert et autres pour ensuite voguer vers l’Europe.

 

Dans le dernier cas, je n’ai pas d’informations précises, j’essaierai de pas trop m’étaler dessus pour le moment. J’estime que cela doit être traité beaucoup plus en profondeur.

 

Il est donc question d’un projet de « vie » pour lequel des milliers d’euros sont mis en jeux dans un but bien précis : billet d’avion, logement, hôpitaux privés, frais scolaires, achats, le temps d’un court séjour ou d’un projet plus long comme les soins médicaux ou les études universitaires comme dans mon cas.

 

Nous laissons nos parents, nos familles, plusieurs personnes derrière nous, pour embrasser un pays, une culture tout autre, ce qui constitue déjà une vraie richesse.

 

Je me rappelle encore avec beaucoup d’émotion, la réunion qui s’était tenue avec mon père et ma mère le jour précédent mon voyage au Maroc. Entre inquiétudes, clichés, conseils, pleurs et espoirs.

 

Une chose est sûre, quelle que soit la raison de notre présence au Maroc, ils vous le diront tous : « je suis là, juste pour temps ». Le but étant de retourner dans nos pays respectifs ou poursuivre vers l’occident.

 

Comment se déroulent vos interactions avec l’administration marocaine ? Quels sont les principaux blocages ?

 

L’administration marocaine… le point névralgique de la détérioration de la santé mentale et physique de beaucoup de subsahariens. Je loue et respecte ces hommes et ces femmes qui font un travail extrêmement fastidieux, jour après jour.

 

Il faut le dire, au Maghreb, le Maroc est l’un des rares pays à favoriser l’accueil des étrangers, du fait des liens très forts tissés ici et là , avec les autres pays de la sous-région.

 

Mais je déplore vraiment le manque de cohérence entre la dureté de l’administration marocaine, et le fait que le Maroc se veut être un pays ouvert et influent en Afrique y compris dans les organisations africaines.

 

Quand on y vient pour la première fois, après les démarches d’enregistrements faites au niveau de nos ambassades respectives, nous sommes tenus d’être en règle vis-à-vis des lois du pays d’accueil, comme c’est le cas partout, et cela passe par l’obtention d’une « carte de séjour »… le fameux sésame, le Saint-Graal… le document par excellence pour être en paix et suivre factuellement l’objectif de notre venue au Maroc. Et c’est tout là le début des soucis. Je peux vous assurer que personne ne vient chez autrui dans l’objectif de ne pas être en règle avec les lois internes, que l’on soit étudiant, commerçant, travailleur, ou chef d’entreprise. Entre les lois qui changent constamment uniquement pour les étrangers, les crises de nerf de certaines personnes de l’administration, il est extrêmement difficile d’être en règle même avec de la bonne volonté.

 

Parfois, ça se passe bien, parfois tu as des phrases très blessantes, du genre « rentre dans ton pays ». Je ne saurais traduire ici tous les déboires, la peine, le découragement de toutes ces personnes qui sont infantilisées et chassées des locaux malgré la volonté d’être seulement en règle. Et qui se retrouvent bloquées au Maroc, bloquées dans leur projet de vie à cause d’un papier, à vivre comme des parias, comme des ratés.

 

Sans carte de séjour il est difficile d’avoir une maison.

 

Sans carte de séjour il est difficile de travailler.

 

 

Source : https://lnt.ma/migrants-subsahariens-au-maroc-quelles-galeres-quelles-solutions/

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Tags : Discrimination Migrations africaines